Le Centre de Recherches en Aéronautique – Cenaero – va recevoir le successeur de Zenobe, le supercalculateur qu’il exploite depuis 2012 pour ses besoins propres, mais également au profit des entreprises et des universités wallonnes, via le Consortium des Équipements de Calcul intensif – le Céci. Michel Milecan, président de Cenaero, salue « l’opiniâtreté des équipes du centre wallon, et en particulier de son directeur Philippe Geuzaine, qui ont dû, suite aux divers changements de majorité en Wallonie depuis 2017, présenter trois fois le dossier avant qu’il ne trouve aujourd’hui son heureux aboutissement. »

Le gouvernement wallon a confirmé l’investissement dans un nouveau supercalculateur Tier-1 au centre de Charleroi, au sein de l’écosystème A6K-E6K. Cet outil de calcul intensif permettra de faciliter les activités de recherche dans de nombreux domaines scientifiques de pointe et de faire le lien avec les supercalculateurs du top mondial dont celui prochainement hébergé en Finlande pour lequel la Belgique, avec le soutien financier de la Wallonie, est partenaire au travers du consortium européen EuroHPC. Le gouvernement consacrera dix millions d’euros pour ce projet. « Les entreprises wallonnes bénéficieront très directement de ce calculateur pour leurs travaux de développement et d’innovation », précise Willy Borsus, ministre de l’Économie et de la Recherche, qui vient de boucler le dossier.

Le supercalculateur Tier-1 est destiné à supporter des activités de recherche. 

Les domaines principaux relevant du calcul intensif sont notamment la modélisation des phénomènes physiques, de l'astrophysique, des matériaux avancés, de la chimie moléculaire ou atomique, du nucléaire, de la biotechnologie, du fonctionnement du corps humain, des phénomènes climatiques, du « data mining », des moteurs de recherche, des modèles économiques et financiers, de la génération d'images de synthèse, etc.  Le secteur est vaste et très divers. 

Plus précisément, la nature des activités relève à la fois de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée. Ainsi, le supercalculateur est également ouvert aux industriels en vue d'y réaliser des activités de recherche et développement pour le développement de produits innovants ou de logiciels de calcul intensif. En effet, la simulation à haute performance est devenue un outil fondamental pour la compétitivité et la capacité d’innovation de nos entreprises, industrielles et de services, et centres de recherche. Outre le besoin pour la communauté académique de disposer d’un outil performant dans le domaine de la simulation numérique, la demande industrielle est elle aussi importante, dans les domaines tels que l’aéronautique mais aussi le verre ou encore le biomédical. La demande se fait également sentir du côté de PME faisant de la consultance avancée ou encore de grandes entreprises étrangères.

Dans le secteur aérospatial, Michel Milecan souligne qu’avec ce supercalculateur « tout est calculé dans les moindres détails, en particulier pour les moteurs, et optimisé, ce qui est une des spécialités de Cenaero. Nous sommes impatients de le commander et de l'installer dans les locaux de A6K. » A titre d’exemple, la Sonaca a par le passé utilisé les ressources de Cenaero pour des calculs de masse de ses bords d’attaque, réduisant ainsi significativement ses coûts d’études. Etienne Pourbaix, directeur de Skywin, ajoute qu’il s’agit « d’un outil essentiel pour la Wallonie en général et l’aéronautique, qui est un gros demandeur de simulations, en particulier. Si on ne dispose pas de ces ressources propres, on reste dépendant de l’étranger, ce qui n’est jamais l’idéal… »